Après des semaines d'exaspérations, du même rêve cyclique qui rendait mes nuits impossibles, aujourd'hui, ce rêve à changé. Cette fois, l'ambiance est tellement écrasante. Je ne sais même pas où je suis. Au début, tout est noir. Je ne vois rien, je ne sens rien. Je me sens oppréssé et ma respiration se bloque. Une forme de chaleur m'aggripe et m'enlace.

Dans ce rêve, je me réveille au beau milieu d'une chambre. Je suis dans une maison traditionelle. Dehors, il pleut à torant et le tonnerre gronde. Il fait froid. Une douce chaleur m'enveloppe néanmoins. C'est alors que je me rend compte que je suis à terre, une couverture de laine posé sur moi. Tout est noir. La seule lumière qui me parvient est celle des éclairs qui traverse la fenêtre, juste en face de moi.

Je me sens vidé de toute énergie, mes membres sont lourds et les mêmes sensations du premier rêve reviennent. J'ai des frissons. J'ai froid. Avec beaucoup de peine je tente de me lever, en vain, mes jambes ne me répondent plus. Je panique à l'impression d'être seul dans cette vieille habitation sans pouvoir bouger d'un pouce.

Un éclair, un flash de lumière, une forme. Mon coeur s'arrête et mes yeux restent fixés sur la forme qui se tient devant la porte. J'entends alors un bruit métalique. Une lampe à l'huile. La personne l'allume et le poste devant elle, scrutant la pièce. Elle m'aperçoit et sourit en coin. Aveuglé par le manque de lumière, je n'arrive pas à distinguer son visage. Elle s'approche de moi et dépose la lampe à mes côtés tout en s'assaillant sur les genoux. Après un petit moment qui me parut une éternité, elle prononce ces mots "Tu es enfin réveillé". Sa voix me transperce l'âme, si douce et si suave est-elle. Remontant d'abord la couverture jusqu'à mes épaules, elle palpe mes jambes. Intrigué, j'arrive enfin à aperçevoir les détails de son visage. C'est toujours elle.

"Pourquoi me nargues tu?". Je la fixe avec méfiance. Totalement impassible, elle commence à me masser délicatement les pieds de ses doigts. Pris d'impatience, je me penche vers elle et la retient par le bras, exaspéré. "Réponds moi!"

Dans un soupir, elle se tourne vers moi, les yeux luisants. Elle sourit. Sourire indescriptible et étrange. "Ce n'est pas à moi que tu devrais poser la question. Mais pourquoi toi, tu te nargues en pensant à moi?"

Baissant les yeux, je réfléchis. Pourquoi je pense à elle? Comment le saurais je, je ne sais même pas qui elle est. Elle m'enveloppe les jambes sous la couverture, s'apprêtant à repartir. "Je crains que je ne dois te retrouver tout les soirs jusqu'à ce que tes jambes puissent te soutenir à nouveau."
-Attends! criais je, la voyant se diriger vers la porte.
Elle s'arrête sans se retourner, inclinant légèrement la tête sur les côtés.
-Ne.. ne me laisse pas seul, s'il te plait.

C'est alors qu'elle se retourne vers moi.

-Qu'est ce qu'il m'arrive?
Je pointe mes jambes, immobiles et froides. Je me sens comme un cadavre.
Les bras croisés, elle m'observe pendant un moment, perdue dans une réfléxion.
-A force de courir après le vent, l'homme finit par se briser les deux jambes.
-Que veux tu dire?
-Ces derniers temps, pourquoi me poursuivais tu à chaque fois que je te croisais? C'est bien à toi que revient la faute si tes jambes sont inutiles aujourd'hui.

Perplexe, je me pince les lèvres. J'avais attendu si longtemps pour enfin l'entendre parler et pourtant elle m'exaspère. Relevant les yeux vers elle, elle a disparu sous un coup de fermement de porte. A nouveau seul, je l'appelle. Ne connaissant pas son nom, je lance bêtement "Gumiho! Gumiho!"

J'entends des bruits de pas de l'autre côté. Elle revient quelques minutes plus tard. Une odeur de plat l'accompagne.

-Dahlia. Voici mon nom. Pas Gumiho.

Je me réveille. Son odeur boisé et la douceur de sa peau me suivent tout le long de la journée.

Plusieurs jours passèrent. Dahlia se réadaptait petit à petit à la culture coréenne. Malheureusement, elle remarqua très vite que ses lacunes en coréens étaient évidentes. Décidée, elle voyait souvent Jaemin qui s'obligeait à dialoguer entièrement en coréen avec elle.

Elle décomptait les jours qu'il lui restait avant la rentrée. Cette idée de tout recommencer la soulageait, c'était comme une nouvelle vie. La seule chose qu'elle redoutait était que ce surnom lui colle à nouveau à la peau. "Les gens ne me connaissent pas, et si je ne fais pas leur connaissance, ils ne pourront jamais me comparer à une de ces créatures légendaires". Elle prit donc la résolution de ne pas se faire d'amis. De toute manière, elle n'en avait pas réellement besoin car elle apréçiait d'autant plus travailler seule que de devoir partager les tâches.

Le jour J, elle se dépécha à se préparer, si bien qu'elle enfila ce qui lui passa sous la main. Préssée, peut être, mais cela ne l'empêcha pas pour autant d'être très féminine. Bien qu'elle n'était pas maquillée, elle rayonnait comme à son habitude. Dahlia, voyant l'heure, pris ses jambes à son cou, ses boucles acajou volaient dans sa course. Les gens qui la voyait, déterminée et surtout en retard, la fixait pendant un long moment en la suivant du regard, hommes comme femmes. Tous étaient sous le charme de cette jeune métisse à la peau si blanche.
Certains la reconnaissait même en rue en murmurant des "C'est la fille de l'ambassadeur", "Je l'ai vue à un vernissage l'année dernière, elle jouait magnifiquement du violon!".

Finalement arrivée à l'Université après avoir couru un long moment depuis la sortie de métro, elle s'arrêta pour souffler, fatiguée et exténuée. Elle observa le batiment. Elle se sentait plus que fière. Mais elle était en retard.

De l'autre côté, les nouveaux étudiants avaient déjà étés acceuillis 30 minutes auparavant par le service d'acceuil. C'était bientôt l'heure d'entrer en cours.

-coupez le son (et je remet le son lol..)-

Dahlia arriva à l'acceuil et demanda quelques renseignements. La personne en face d'elle était tellement empotée qu'elle décida de se débrouiller seule. Elle longua les longs couloirs à la recherche du bon auditoire.

Au même moment, Ha Min Jae sortait tout juste de la bibliothèque. Il venait chercher un livre sur les compositeurs du 20ème siècles. Lorsqu'il détacha ses yeux de son trésor, il trouva une jeune fille perdue au beau milieu du chemin, farfouillant dans ses dossiers qu'elle avait de la peine à tenir en main. Elle semblait nerveuse et au bord de l'énervement. "Besoin d'aide?". Elle leva lègerement les yeux vers lui et feignit de ne pas l'avoir entendu, ce qui réveilla la curiosité de MinJae. Il s' approcha d'elle le sourire aux lèvres. Lorsqu'il arriva près d'elle, il lui souffla "Tu n'es pas un peu perdu?". Dahlia releva le visage et le regarda hautainement. "Non." affirma t-elle froidement. Sur ces mots, elle s'en alla à son opposé.

Ha Min Jae n'en croyait pas ses oreilles. Finalement, il ne se posa pas trop de questions, pensant qu'elle n'avait pas été maître d'elle même. Il réfléchissa un petit moment. Quelque chose chez elle lui était familier. Il laissa tomber et s'en alla en cours. C'était surement son imagination.

Shin Young m'a acceuillie à bras ouvert. Elle était emballée, elle allait avoir la chance d'interviewer le Président de l'extrème gauche. Les choses avançaient dans le bon sens pour elle. Elle semblait heureuse et avoir tout réussi. J'étais heureux pour elle. Très.

La nuit dernière, Dahlia m'a dit qu'elle ne reviendrait plus pendant un long moment. Je ne la croyais pas. Un mois qu'elle hantait mes nuits. Et cette nuit elle ne serait pas là? Mon inconscient me joue des tours. Au début, je pensais que c'était normal, de refaire le même rêve. Mais les rêves donnaient l'illusion d'être de plus en plus réels : je pouvais sentir son odeur, toucher sa peau du bout des doigts si je le voulais. Rien n'avait l'air d'incohérent. Au contraire, je finissais par la prendre pour une personne réelle.

Je paniquais à l'idée qu'elle ne vienne pas. Mais en même temps, j'étais soulagé. Chaque nuit, la sensation de tromper celle que j'aimais qui dormait qu'à quelques centimètres de moi me faisait froid dans le dos.

Dans mon rêve, je suis en face d'un arbre. Il fait nuit. La pleine lune brille de mille feux et est anormalement proche de l'horizon. Je m'appuis contre cet arbre perdu dans un champ et contemple cet astre lunaire. J'attend. Le bruit du vent qui se lève, les feuilles qui volent. Elle ne vient pas. Elle ne viendra plus.

A mon réveil, je me sens revigoré. Comme si une énergie négative s'était enfuie de moi. Shin Young me dit que j'ai meilleur mine. Mais, face au miroir, je peux voir à travers ce visage une certaine tristesse. Je meurs d'envie de la revoir.