Qui aurait pu croire qu’un simple mensonge pourrait engendrait des évènements aussi incroyables ? Qui aurait pu penser, ne serait-ce qu’un instant, que ma vie ne serait plus jamais cette solitude de tous les jours ? Dans tous les cas, cela n’aurait jamais été moi. Toujours aussi naïve, je n’aurais jamais pu penser que ma vie pourrait changer à cause d’un mensonge.

Mon nom n’est pas important dans cette histoire. Ce qui l’est vraiment, c’est ce que je suis et ce qui va se passer. Mes amies m’appellent Kimi, mais en vérité, j’ai tellement changé depuis le moment où on a commencé à m’appeler ainsi, que je préfère que l’on m’appelle Kimchi. Contrairement à ce que les gens peuvent penser de moi au premier regard, je ne suis pas intelligente. J’ai du mal à rédiger des phrases compréhensibles, sans fautes d’orthographes. Pourtant, j’aime écrire depuis toujours. D’ailleurs, je pense que cela ne changera jamais. Comme dirait Jules Renard : « Ecrire, c’est une façon de parler sans être interrompu ». M’exprimer à toujours été une tâche difficile. Pourtant, sans vraiment savoir pourquoi, me faire des amis était facile. Au collège, les racailles avaient peur de moi… Je n’ai jamais compris pourquoi. Je ne fais pas si peur que ça. J’aurais pu très bien être une victime de leurs intimidations. J’ai facilement peur des autres, je dis toujours les choses telles que je les pense, quand je les pense. J’ose me dire que j’ai sauvé la vie de ma meilleure-amie. Je sais que c’est légèrement voire beaucoup égocentrique de dire cela, mais j’ai l’impression d’avoir fait quelque chose de bien dans ma vie en la voyant. Elle était toujours triste, déprimée, habillée de noir. Ces envies de suicides étaient constantes, mais il y a eu une véritable progression en elle et elle a énormément changée. Aujourd’hui, je peux même dire qu’elle m’a dépassé. Ce n’est pas bien dur en même temps. Désormais, elle s’habille très bien. Elle est très jolie, sait ce qu’elle veut faire… Je n’en suis pas à ce stade. Je suis encore presque une hikikomori. En dehors des cours et des quelques sorties avec mes amies, je ne sors pas. Je reste constamment face à mon ordinateur à écouter de la K-pop à longueur de journée, regarder des dramas, lire des nouvelles sur mes idoles… On peut penser de moi que je suis vieux jeu. Je n’ai jamais eu de petit-ami, j’aime tricoter et parfois, je parle comme une vieille grand-mère. Ma meilleure amie essaie toujours de me trouver un homme idéal, mais je sais pertinemment que personne ne peut m’aimer dans mon état actuel.

« Bon, Kimi, le 31, je prépare une fête alors tu dois être habillée correctement. » me dit Hachi.

Et c’est ainsi qu’elle m’attrapa par le bras, m’entrainant dans tous les magasins possibles et m’acheta une robe et des collants. Elle me promit de me préparer correctement pour la soirée : cheveux parfaitement coiffés, ongles magnifiquement brillants et teint impeccable. Je me suis alors retrouvé dans une soirée où elle avait invité le plus d’asiatiques possibles. Je me sentie perdue et étrangement, je me sentais redevable de l’attention toute particulière qu’elle m’accordait. Soudain, un des garçons s’approcha de moi pour me demander qui j’étais. Il était plutôt mignon, mais ne sortait pas du lot. Il semblait beaucoup m’apprécier d’après Hachi… Seulement, je ne me sentais vraiment pas prête pour commencer quoi que ce soit.

« Eh, tu as un petit-ami ? » me demanda alors ce garçon.

Pourquoi… Pourquoi ai-je répondu ainsi ? Je me le demande encore… Un tel mensonge…
Il est bien évident que c’est faux. Mais étant donné qu’il ne peut pas savoir, il y a cru.

« Un mensonge souvent n'est qu'une vérité qui se trompe de date. Et cela peut se dire aussi bien de la science que de l'amour » dirait Etienne Ray. Beaucoup de personne voudrait que cette phrase soit une réalité. Il espère de tout leur être qu’un jour, venu de nulle part, une chose se réalise sans avoir à faire quoi que ce soit. Beaucoup disent et font des choses pour éviter l’inévitable. C’est ce que j’ai fait en cette nuit dans la maison de ma meilleure amie lors d’une fête. Pour éviter d’avoir toutes relations avec cet homme, j’ai répondu par un mensonge. Pourtant, la vérité saute aux yeux, non ?

« Un petit-ami ? Evidemment et en plus, il est trop beau. Mais on est légèrement éloigné loin de l’autre, alors c’est compliqué… Tu veux voir sa photo ? »

Je ne pensais pas pouvoir m’enterrer autant dans ma bêtise. Que faire s’il connait la personne que je vais lui montrer ? Non… Aucune chance ! Ce n’est pas comme s’il était super connu en France… Mais si cette personne était comme moi et qu’il écoute de la musique coréenne ? Mon dieu, quel dilemme… Je me suis enfin décider à lui montrer CETTE photo. Vous savez, le genre de photo que l’on trouve sur les Twitters des gens… Celle où on dirait qu’on les a pris en photo…

J’ai alors osé montrer une photo de la personne qui m’intéresse le plus en ce moment. Vous allez facilement savoir de qui je parle si vous me connaissez, et si vous le connaissez. Pour ceux qui ne me connaissent pas, la personne à laquelle je fais référence fait parti d’un groupe assez connu… Humm… Bon, d’accord, j’arrête de tourner autour du pot ! On ne se moque pas de moi, hein ? J’ai montré une photo de KEY des SHINee… Oui, je sais, c’est mal. Le pire, c’est qu’il m’a vraiment cru… S’il s’en rend compte, je suis bien dans la…
Il n’a pas dit un mot en voyant la photo, et c’est surement ce qui m’a le plus stressé. Mais mince, tu vas dire quelque chose ?! J’espère qu’il n’y a pas de goutte de sueur qui dégouline délicatement sur mon visage qui laisserait entrevoir ma peur et le stress total du moment… Vous savez… Comme dans les animes ! Bon… D’accord… J’ai compris ! >_> Il a enfin ouvert la bouche :

« C’est cool. »

Puis il est parti.

C’est tout ? Rien de plus ? Il n’a rien d’autre à dire ? Il ne se sent pas inférieur ? Il ne va pas demander plus d’informations ? Ni même essayer de me faire cracher le morceau ? Il sort juste ce : « C’est cool. » ? Mais alors pourquoi a-t-il essayé de m’adresser la parole ? Qu’est-ce qu’il voulait à la fin ?! Je m’en allai vers la cuisine un peu furieuse de ce qu’il s’était passé. Mais pourquoi je suis en colère à la fin ? Qu’est-ce que je veux moi aussi ? J’aurais pu très bien dire que non… Alors que je voulu ouvrir la porte, j’entendis malgré moi une conversation…

« Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda une voix familière… ma meilleure amie.
-Oh rien, elle m’a juste dit qu’elle avait un copain.
-Ah ?..
-Bah j’ai laissé tomber. Si elle est déjà quelqu’un à quoi bon ?
-Tu n’as pas essayé d’en savoir plus ?
-Pourquoi ? »

Il a raison. Pourquoi aurait-il du essayer d’en savoir plus sur moi ? C’est si stupide. Je ne suis pas quelqu’un d’important ni même intéressante. Il y a tant de choses que je ne sais pas et dont je n’ai pas d’intérêt. Je ne fais pas de sport, je chante faux, mon talent pour la guitare n’est qu’un mensonge, j’ai abandonné le théâtre et je suis devenu aigrie. Je suis vraiment devenue quelqu’un de mauvais…

« Qu’insinues-tu ? Elle ne semble pas prête à parler avec quelqu’un pour l’instant.
Mais c’est quelqu’un de bien. J’en suis persuadé.»

Jusqu’à maintenant, je n’avais jamais pensé que les relations que j’avais avec les gens étaient importantes. Je ne pensais pas non plus que celles-ci étaient tout pour moi. Dans mes amies, il y a une fille très importante à mes yeux. J’ai l’impression que l’on se reconnait sur beaucoup de points. Le genre de relation où on arrive à dire la même chose en même temps ou alors, lorsque l’on se regarde dans les yeux, on se comprend. Beaucoup ne nous comprenne pas dans ces instants. C’est vraiment étrange, c’est comme si on était fait pour se rencontrer et que ce n’est pas le hasard qui nous a réunies…

Elle s’appelle Dee. Ce que j’aime le plus chez elle, c’est qu’elle est franche et qu’elle ose dire ce qu’elle pense. Ce qui est bien différent de moi, car je n’ose pas dire ce qui pourraient être des choses blessantes et je suis me retient beaucoup. Pour ce point-là, je l’admire. Nous n’avons pas réellement le même genre de relation que toutes les filles ont entres elles. Lorsqu’on se reproche quelque chose, on le dit tout de suite. Ça fait mal un instant, des fois on peut prendre ça à la légère, mais on ne s’est jamais disputé « pour de vrai ». Il n’y a pas de secrets entre nous, d’ailleurs, je ne vois pas pourquoi il y en aurait.
Vous l’aurez compris, nous nous entendons plutôt très bien. Nous écoutons à quelque chose près la même musique, regardons aussi les mêmes choses… Nous avons depuis quelque temps déjà un intérêt pour les chorégraphies des chansons coréennes. Nous en avons alors appris plusieurs tels que Gee des SNSD ou Lucifer des SHINee. (Comme quoi on peut apprendre n’importe quoi !) Pour moi, c’est devenu un vrai loisir. J’aime vraiment danser, même si je sais que je danse comme une grosse bouse des campagnes. Je n’en sais pas grand-chose du côté de Dee, mais en tout cas, c’est devenu important pour moi du même ordre que la guitare.

Il était déjà le matin et j’étais déjà rentrée chez moi. J’allumais alors machinalement mon ordinateur, l’écran et les enceintes reliés à celui-ci. J’étais fatiguée. Je n’avais pas beaucoup dormi, comme à chaque fois que je rentre de chez Hachi. On dormait rarement dans ses soirées, mais on passait notre temps à danser, à nous épuiser, à manger tels des carnivores sauvages… J’insère alors mon mot de passe ; je le connais par cœur. Cela fait maintenant sept ans que j’utilise toujours le même pour ouvrir tous mes comptes. J’arrive enfin sur mon bureau : Key est en première page. Les premières choses que je fais sur mon ordinateur sont simples : internet (Facebook), musique (en premier BEAST en ce moment) et MSN. Je répondais aux messages de mes correspondants japonais sur mon Facebook lorsque tout à coup, je vois une annonce.

« Grand concours : danser sur la nouvelle chanson de la marque coréenne de téléphonie et remportez un voyage en Corée ! »

C’est alors que j’ouvris une fenêtre MSN pour parler avec Dee.

Kimchi : Bouh
Dee : Beuh x)
Kimchi: Dis, dis, tu as vu l’annonce sur Face de Bouc?
Dee : Non ? C’est quoi ?
Kimchi : « Grand concours : danser sur la nouvelle chanson de la marque coréenne de téléphonie et remportez un voyage en Corée ! »
Dee : 0_0
Kimchi : Alors ?? Tu en penses quoi ?
Dee : è_é C’est trop bien !
Kimchi : On le fait alors !

Nous nous sommes alors entrainée pendant de longues journées tels que le mercredi après-midi ou les weekends afin d’être parfaites dans les mouvements. Peut-être nous nous surestimions, mais nous pensions vraiment pouvoir gagner. C’était l’une de nos plus grandes occasions de partir en Corée et de faire en sorte que nos parents soient d’accord. De plus, toutes les deux, en Corée… Le rêve ! Nous étions finalement « au point » et nous nous sommes donc enregistrer. Nous étions plutôt fières de nous et nous avons donc envoyé notre vidéo aux juges. Nous savions que nous n’étions pas les meilleures, mais au moins, on aurait tenté notre chance.

Chaque jour de cours deviennent alors pour Dee et moi une attente continue du résultat. Nous étions persuadées de perdre, car selon nous : « il ne vaux mieux pas se faire des illusions, on ne serait que blessée au final ». Ainsi, nous étions dans l’incertitude même entre moi qui ne résistait pas à la tentation de dire : « Oui, mais imagines si.. ? ». Nous étions comme à notre habitude assises derrière un poteau (allons donc savoir pourquoi il est là…) à l’intérieur de notre lycée quand, soudain, mon portable se mit à vibrer dans ma poche. Je fis un bond en arrière, comme à chaque fois qu’il se met à vibrer. C’était un message d’un inconnu.


Je relis plusieurs fois ce message succins afin de me rendre compte qu'il existait dans ce monde des gens qui me connaissaient et mon numéro de surcroit. Je me retournai alors vers Dee en lui montrant le numéro. Non, elle ne le connaissait pas. Mais, bon dieu, qui est la personne qui me l'a envoyé ? Cela commença donc légèrement à me tourmenter l'esprit. J'entendis un petit « On va se chercher un café ? », puis nous nous levions pour aller s'acheter un café à 30 centimes. Je cherche désespérément mes sous dans ma poche, mais finalement, je ne trouve que 29 misérable centimes... Je regarde alors Dee avec un regard suppliant. J'obtiens avec succès à avoir mon café.


Mais qui est-ce à la fin ? Je n’ose pas répondre aux messages. Je montre le SMS à Dee qui rigole, puis me dit de répondre. Mais je ne veux pas… Et si jamais c’était quelqu’un de méchant ? Un stalker ? Un pédophile ? Puis nous sommes parties dans un délire concernant notre ancien professeur de français qui n’arrêtait pas de me sourire… De ne sourire que lorsqu’il me regardait… Finalement, j’ose envoyer un message :


Tout à coup, c’était comme si un poids était parti de moi. Ce n’était pas grand-chose et pourtant, cela faisait du bien en quelques sortes. Je bus quelques petites gorgées de mon café et je me suis rendu compte à quel point la machine à café semblait chauffer de plus en plus les liquides. Je me brulais la langue. Je posais mon verre en plastique sur le côté, pris la touillette tout de même. Soudain, un troisième sursaut.


Qu’est-ce que les gens peuvent être idiot… Comment me souvenir d’une personne dont je ne vois ni le visage et dont je ne connais pas le nom ? Ah… Si seulement ils pouvaient grandir légèrement dans leur tête au lieu de gaspiller tout leur forfait à envoyer des messages ridicules et vide de sens… Finalement, cette personne m’a enfin dévoilé qui il était. C’est cet homme que j’ai rencontré chez Hachi. Il m’a envoyé beaucoup de message parlant de lui, de ce qu’il a fait dans la journée… Il me demanda alors si j’écoutais vraiment de la K-pop. C’est une évidence ! Il me répondit par la suite qu’il n’écoutait pas beaucoup de K-pop et qu’il en était resté à Big Bang. Il m’avoua ensuite qu’il est en fait coréen de naissance, mais qu’il a été adopté par des Français lorsqu’il eut l’âge de sept ans. Sur les papiers d’adoptions, il semblerait qu’il s’appelle Chun Yong. Mais en France, tout le monde l’appelle Shun.

Je lui ai alors raconté de nombreuses choses telles que le casting que j’ai passé avec Dee. Il était surpris que je fasse de la danse pour de « vrai ». Il pensait que ce n’était qu’une blague et que je n’y songeais pas vraiment. On s’envoyait de plus en plus de messages parfois jusqu’à tard la nuit lorsque je n’arrivais pas à dormir.

Et puis le fameux jour des résultats est arrivé et ce jour-là tomba sur un mardi. Vous ne le savez certainement pas, mais pour nous, le mardi est la journée la plus longue. Nous finissons vers 18h, mais généralement, nous arrivons chez nous vers 19h. Ainsi, le temps que l’on arrive, que l’on allume l’ordinateur, cela prend tellement de temps que notre anxiété empiétait sur notre capacité de réflexion. Finalement, la page s’ouvre. C’est alors avec le souffle coupé que je découvris les résultats :


…
Nous étions à la seconde place ?! Une boule au niveau de ma gorge s’installa et mon ventre se serra aussi fort que possible. J’étais déçue. Je pensais réellement pouvoir gagner. Certes, nous étions dans une place raisonnable voire respectable, mais cela n’a aucune valeur tant que l’on n’est pas à la première place. Sur MSN, la discussion avec Dee était des plus effroyables. J’étais littéralement dégoutée de la vie. J’étais à une place de partir pour la Corée. Une place !



Le lendemain, j’avais promis à Chun Yong de le retrouver pour aller à la foire aux plaisirs. Cela venait de s’installer et il fallait que je me change les idées. Une défaite est une défaite, il faut la surpasser et tourner la page… Je suis arrivée sur les lieux et j’ai fais face au visage de ce personnage. Bizarrement, je fus quelque peu déçue. Je ne saurais vous expliquer pourquoi, mais lorsque je le vis arriver, une certaine tristesse est montée en moi. Il m’entraina à l’intérieur de la foire et même si je n’étais plus très intéressée par le contenu de celle-ci, je sentis qu’il faisait tout pour me remonter le moral. J’essayais de faire des efforts.

Nous n'avons pas fait de manèges étant donné l'ambiance morbide qui s'était installé entre nous. Devant nous, les jeux d'arcades. Il se tourna vers moi, puis me prit la main pour m'y entraîner. Hein ? Il s'était installé face au jeu de Dance Dance Revolution. Il me regarda et puis fit :

« Duel. »

Je fus entrainée dans un concours sans véritable signification, mais je fus toute remontée. Il fallait que je montre que je ne suis pas n'importe qui. Sinon il allait se moquer et je déteste que l'on se moque de moi. On se mit tout deux sur les tapis métalliques de danse et une fois la chanson commencée, nous nous regardions plus, mais seul l'écran qui indiquait les pas à suivre. Je me suis donnée à fond pour pouvoir correctement appuyé sur la touche de derrière. (Vous savez, celle qui ne fonctionne jamais quand on veut) Je fus surprise par sa façon de bouger à côté de moi qui fit perdre ma concentration. Il était bien meilleur que moi, il n'y avait pas photo. Il m'a battu avec un score incroyable et inimaginable.

« Eh bien… dis-je toute essoufflée. T’as appris où ?
-Je fais parti de l’association de DDR, impossible que tu me battes aussi facilement. »

Je l’ai pris à la rigolade, car c’est vrai qu’il m’a impressionné. Il faisait tous les mouvements avec une telle facilité et souplesse que même maintenant, je ne saurais décrire véritablement comment j’ai réagi. Nous nous sommes alors acheté des chichis et enfin posé sur un banc, nous mangions silencieusement. Soudain, je bondis. Mon téléphone sonnait… Oh, ça s’est arrêté. C’est donc un message. Je regarde…



Un peu étonnée, je pensais qu’elle voulait juste m’enfoncer de nouveau le couteau dans la plaie. J’ai alors emprunté le téléphone portable de Chun Yong qui permettait d’aller sur internet. J’insère l’adresse du site et…

On dit qu’une partie de la communication entre des personnes ne se fait pas verbalement, mais plutôt par le visage et les gestes du quotidien. On ne s’en rend pas forcement compte, mais ce jour-là, j’ai compris ce que cela voulait vraiment dire. Ma tête devait vraiment être drôle à voir ! J’étais enfin sur la page du site du concours, et bizarrement, tout était normal. Mais qu’est-ce qu’elle raconte Dee ? Rien n’est bizarre ! Je descends alors légèrement sur la page et je vis un premier commentaire sur les résultats :

Ce n’est pas juste, je préférais largement les secondes aux premières !

Hein ? Comment ça ce n’est pas juste ? Je devais tirer une sale tête, car à côté de moi, Chun Yong me demandait constamment ce qui n’allait pas. J’avais une soudaine envie de pleurer toute l’eau qu’il y avait en moi. D’ailleurs, une goutte glissa sur mes deux joues. Chun Yong à côté, paniquait. Il regarda alors le portable. Je continuais alors de descendre de la page et vis de plus en plus de messages du même genre que précédemment. Qu’est-ce que… Finalement, au bout de la page, il eut une annonce.

Nous avons fait de notre mieux pour choisir les personnes qui partiraient, mais il se trouve que le groupe 2 soit beaucoup apprécié. Nous allons donc offrir un prix spécial pour celui-ci. C’est deux jeunes filles sont priées d’aller en Corée du Sud pendant une semaine durant les prochaines vacances. Elles seront alors reçues comme il le faut.

Je n’osais décrocher les yeux du portable au cas où les mots disparaitraient dans le néant. Ma tête fut vide de pensées, rien ne me venait à l’esprit, même pas un petit : « Oh ». Finalement, je me retournais vers la personne à côté de moi qui n’osait rien dire, lui-même surpris du message. Ce n’était pas une larme qui coulait, mais plusieurs que je ne pouvais stopper. Est-ce un rêve ? Je fus si heureuse que les larmes qui me vinrent furent de bonheur et mon rire de tristesse. « Le rire est la politesse du désespoir. » Quelle magnifique détresse en soi. Tout le monde voudrait la vivre ne serait-ce qu’une seule fois dans sa vie. Chun Yong me pris dans ses bras. C’est la première fois qu’un homme se préoccupait autant de moi et ses bras semblaient s’ajuster parfaitement aux miens, plus timides. Les gouttes d’eau que je fis tomber sur son épaule étaient déconcertantes. Nous avions l’air si étrange sur nos bancs, les chichis à la main…

J’ai séché le reste de larmes qu’il me restait et je laissais place à un sourire. Je suis heureuse. Personne ne pouvait m’arrêter désormais de sauter partout et de rire haut et fort, même si je le faisais déjà en temps normal. C’était vraiment une très bonne journée. Rien ne pouvait m’arrêter de rire, de m’amuser. Rien ne pouvait me stopper dans ma folie. Rien… Dans le bus du retour, je regardais par delà la fenêtre. C’est dans ses moments-là que les gens arrivent à penser des choses les plus improbables possibles. Je regardais le ciel et je me suis dit qu’il était magnifique, plus que d’habitude dans tous les cas. Ce bleu et ses nuages étaient si mignons, si beaux, si magnifiques que je souris seule sur mon siège. Je pensais à diverses choses, comme ce que nous allions faire en Corée. Ah !!! Je ne peux plus attendre ! Maintenant, tout de suite, là ! Je veux y aller …

Toute la nature autour de moi, une fois sortie du bus, furent très différent de lorsque j’étais partie tout à l’heure. Le peu d’herbe qu’il y avait par terre était signe d’espoir. Les quelques fleurs qui n’arrivaient pas à s’épanouir montrer l’insouciance de la nature. Que le monde est beau, aujourd’hui.

Ah… J’avais juste oublié quelque chose. Une chose très importante de mon existence. Ce qui règne toute ma vie… Il ne m’est jamais arrivé de gagner quelque chose sans donner quoi que ce soit en retour. Comme une alchimie obligatoire. Je dois laisser quelque chose qui m’appartient pour recevoir autre chose. C’est tout simplement la nature ou la chance qui me les reprennent. Je ne peux rien faire contre, c’est une fatalité. Qu’est-ce que je vais perdre de nouveau ? Je suis quelque peu inquiète à ce sujet désormais et pour le coup, les fleurs et les nuages reprennent leurs significations habituelles.

Une fois rentrée, je m’empressais de tout raconter à ma grande-sœur. Pas à propos du rendez-vous, mais de ce qui s’était passé sur internet et tout le tintouin. A chaque fois que je fais quelque chose de bien ou que je suis fière de moi, je vais toujours le raconter à ma sœur aînée pour le faire savoir en premier. Je peux pas le dire à la petite, car elle devient facilement jalouse ou part toujours à parler d’elle. Même si elle s’en fiche, elle écoute sagement ce que j’ai à dire et me dis la phrase qui tue : « C’est cool ». Le genre de phrase qui vous fait iriser les poils de tout votre corps. Je les hais ! Toute personne qui dit ce mot n’est qu’un idiot. On pourrait peut-être s’intéresser un peu à moi de temps en temps ? Ce n’est pas comme si je faisais des choses remarquables tous les jours !

« Tu es sure que maman sera d’accord ? »

Oups… C’est bien le point négatif de cette histoire ! Ma mère n’était pas du tout méchante, loin de là ! Depuis qu’elle s’est séparée de mon père, il y a maintenant trois ans, elle est devenue très ouverte et s’assume. En même temps, il vaut mieux cela que quelqu’un qui se renferme dans sa solitude et tristesse ! Certes, elle était toujours très gentille, mais tout de même, laisser sa fille de seize ans dans un pays étranger avec comme seule accompagnatrice une camarade de classe… Il faudrait être fou pour dire oui ! C’est pourquoi j’ai attaqué le soir même pour avoir l’approbation…

« Tu sais quoi maman ?
-Non ?
-J’ai gagné un concours sur internet de danse et le prix est que je parte en Corée du Sud !
-T’es folle ?!
-Hein ?
-Tu as donné une vidéo de toi sur internet en disant tes renseignements ? Et si cela avait été quelqu’un de malsain ?
-Mais maman, c’est un concours officiel !
-Même ! Je suis déçue de toi. »

Pff… De toute façon, personne ne veux m’écouter dans cette maison, même pas mon chat. Ma petite sœur ne fait que penser à elle, ma grande-sœur s’en fiche carrément tant que cela ne la touche pas et quant à ma mère, elle se préoccupe de choses qui ne sont pas le cœur de ce que je veux lui dire. J’aimerais lui parler de chose plus profond que j’ai participé à un concours sur internet, mais elle ne m’écoute jamais jusqu’à la fin.

« Tu devrais l’écouter jusqu’au bout. » rajouta Marion.

Pour une fois qu’elle m’impressionne ! J’en suis encore toute bouleversée ! C’est bien la première fois que je la vois faire ça pour moi. A chaque fois, c’est elle qui me demande de faire des choses pour elles, de voir-ci, de voir-là, mais de son propre entendement, elle est allée se poser contre ma mère afin qu’elle m’écoute. Waouh. Ma famille s’améliore de plus en plus après que mon père soit parti !

« J’ai gagné un concours et le prix est que je parte en Corée avec Dee. »

Je vis sur son visage qu’elle hésitait énormément quant à la réponse qu’elle devait donner. Devait-elle dire que c’était bien ou qu’il en était hors de question ? Je cherchais une quelconque réponse dans son regard qui était vide de sens. C’est après quelques longues et stressantes minutes qu’elle finit par dire : « Ah. C’est cool. » J’en ai plus qu’assez d’entendre cette phrase sans sentiments et sans sympathie. Elle en absolument rien à faire de ce que je fais. Elle en absolument rien à faire de ce que je fais. Je pris ces trois mots comme un « oui ».

Après cela, les jours passèrent tous très vite. Tout était désormais prêt pour le voyage. Nous avions les billets d’avions, nos passeports prêts à être sortie à tout moment et nos bagages chargés. Nous voilâmes donc à l’intérieur de l’aéroport. Mon anxiété, mon envie d’y être de suite prit une ampleur plus grande que tout ce qui se passait autour de moi. Lorsqu’on appela les passagers à entrer dans l’avion, je fus si pressée que j’en oubliai presque de dire au revoir à mes proches. Ma petite sœur était encore en train de râler une certaine phrase que j’entendais tous les jours et que pendant une semaine je n’entendrais pas : « Moi aussi, je veux y aller ! »

Au revoir la France, je vais enfin réaliser un rêve de gosse… Après la rencontre de Saki, me voila partie pour la Corée du Sud. Direction Séoul ! Cependant, même si le voyage en avion sera long et éprouvant, je sens que même fatiguée, j’arriverais à trouver un moyen d’avoir des forces à notre arrivée. Le repas était bien meilleur qu’à la cantine où on nous servait que de la nourriture froide, pas bonne et qui donne la nausée. On avait même eu le droit au Brownie !! (Vous vous rendez compte !) Peu après avoir mangé, je me suis endormie un bébé. J’étais drôlement fatiguée de ma journée. Et oui, finir à deux heures de l’après-midi le vendredi, c’est dur. Dee ne dormait pas beaucoup en temps normal, je me demande si elle a pu se reposer un peu tout de même ?

Soudain, une voix me sortit de mon sommeil : « Nous sommes à trente minutes d’arriver à Séoul. Il est exactement … »

On est déjà arrivée ? Waouh, ce fut rapide ! Je regardais Dee qui ne dormait pas. Elle lisait un magasine sur les jeux vidéos silencieusement. J’étais encore dans le brouillard du réveil. Trente minutes de mon rêve de gosse… L’autre bout du monde. Ce fut les trente minutes les plus longues de toute mon existence sans doute. Si vous saviez comment j’étais impatiente ! Une fois que l’avion s’est stabilisé et que l’on a pu sortir, je fus l’une des premières avec Dee à me lever. Une fois dehors, tous les avions autours de nous nous donnaient un certain vertige. Nous nous sommes dirigées vers la sortie sans oublié de récupérer les bagages ! Les panneaux nous indiqués des endroits que nous ne connaissions pas… Nous n’avions pas calculés que l’on savait certes lire le coréen, mais on ne sait pas forcement ce que cela signifie… Je tournais ainsi ma tête, cherchant quelqu’un qui serait venu nous chercher… Soudain, Dee vit une pancarte avec écrit : KIMCHI | DEE. Pourquoi c’est toujours elle qui voit les choses en premier ?

C’était un homme en costume qui nous attendait. Lorsque nous sommes arrivées en face de lui, nous avions sorti notre petit « Annyeongaseyo ». Il nous sourit puis nous expliqua brièvement en anglais qui il était. Dee et moi étions tellement surprises de son identité que l’on ne m’empêchera pas de dire que j’étais totalement « sur le cul ».