- Oppa sarranghae disait la voix aigue et nasillarde d’une adolescente, les yeux brillant et en mimant un cœur avec ses mains.

Des cœurs, du rose, des cœurs, des couples, des affiches de propagandes pour ce jour dit heureux, des cœurs, du rose, des mains enlacées, des cœurs, des baisers échangés, … encore des cœurs…

- Pouah ça pue le romantisme à plein nez souffla une jeune femme blasée en s’arrêtant devant une vitrine au couleur glamour où une télévision diffusait une réclame publicitaire pour de nouveaux chocolat en forme de soit disant lapins pas vraiment ressemblant de l’avis de la jeune femme

- Kyaaa oppa ! Tu as vu ? Comme ils ont l’air bon ces chocolats ! Ils sont trop mignons, j’en veux !

Shin Hee Rin détourna son regard pour éviter d’être témoin malgré elle de cet échange de romantisme entre une jeune fille et son « oppa »
Son visage fit une grimace en déglutissant, elle secoua la tête quand une nouvelle publicité apparue « Kim Na Bo, la magnifique chanteuse sors un nouvel album, vivez avec elle ses chansons»
La chanteuse chantait en faisant de grand gestes avec ses bras, c’était ça qu’ils appelaient « vivre la chanson » ?

- Bon sang foutez lui plutôt un triangle dans les mains, des maracas feraient bien l’affaire aussi ! Mais qu’est-ce que je fais ici ma parole !?

Paris ville de l’amour ? C’est se foutre de la gueule du monde ! Seoul ville de l’amour plutôt ouais ! Je n’ai jamais vu autant de cœur et de rose de ma vie…et moi qui pensait que les coréens prônaient la discrétion en matière d’échanges affectifs.
La Saint Valentin ? Journée romantique et heureuse par excellence ? Mouais, j’aurais plutôt dit une journée stupide où les humains et les coréens apparemment n’y échappe pas, font des choses stupides, une journée qui menace les bases de notre société, c’est une menace pour la paix dans le monde, un jour cauchemardesque pour moi, ah je vous ai pas dit ? Je déteste la Saint Valentin….

Moi qui pensait être épargné de cette foutue tradition en quittant la France et en venant précipitamment à Seoul, je suis dépitée…
Mon téléphone vibra dans ma poche, je répondis et après quelques mots échangés dans un coréen-anglais approximatif avec mon futur patron, je repris ma route.
Je marchais tête basse espérant ne plus apercevoir ce genre d’échanges passionnels qui me dégoutait quand la chose arriva…je n’eue le temps que d’entendre (encore) un « oppa » criait certainement par une jeune fille en quête d’amour qu’une chose non identifié m’arriva en pleine face...
Par je ne sais quel moyen je me suis retrouvé à l’horizontal, bizarrement le sol était plutôt mou, ou alors, les trottoirs coréens étaient fait d’un béton différent ?
Un peu sonné, je relève la tête et m’aperçois que le trottoir coréen en question n’est autre qu’un jeune homme…
Avant même que je ne puisse esquiver un mouvement, il me repoussa violemment et ma tête heurta cette fois ci le trottoir. Et croyez moi, ils sont aussi dur qu’en France.

Je regarde autour de moi et analyse la situation :

Un attroupement de jeunes filles nous entourent, moi, ainsi que cinq jeunes hommes dont celui sur lequel je suis tombé.

Ils sont assez étranges, moi qui pensais que la Corée était un pays des plus traditionnels et conservateurs, je m’aperçois que ce préjugé est vraiment très faux.
Le premier, vêtu d’un costume trois pièces aux couleurs si bariolées qu’être figurant pour un clip d’ABBA aurait été facile pour lui si il n’était pas si jeune.
Le deuxième me fais un peu peur…il sourit…beaucoup trop, c’est pas normal, ça en deviendrais limite malsain si ses yeux ne reflétaient pas sa sincérité.
Le troisième, celui que j’ai pris pour un trottoir … un punk à crête ? Remarque, on en a à Paris alors pourquoi pas ici ? Son regard m’évite…Bon ok j’ai merdais à lui tomber dessus mais c’est lui qui m’a repoussé comme si j’avais la malaria.
Le quatrième, lui, aurait réellement pu faire peur à n’importe qui tant son regard était perçant malgré un visage impassible.
Mettez-lui un chapeau noir, un costume à rayures italien et un cigare entre les lèvres, et nous retrouvons le sous-fifre de Don Corleone version asiatique.
Le dernier…hein ? Un Inuit ? Un Inuit à Séoul ?! Ah non, quelques mèches blondes poussin sorte de son chapeau à fourrure, par contre je ne sais pas si c’est quelque chose qui devrait me rassurer…

Toutes les jeunes filles présentes les regardent, des étoiles pleins les yeux, en poussant des petits cris de chiot excités, manque plus que le saignement de nez et je me retrouve dans un manga.

Qu’est-ce que je fais là sérieusement ? Ce n’est vraisemblablement pas mon monde.
Tout ça à cause d’un patron d’une logique assez limité qui à conclu que mes yeux bridés faisait forcément de moi la personne la plus adapté pour une mutation en Corée du Sud. Tout ça à cause de ma mère qui ne pouvait pas oublier son pays d’origine. Tout ça à cause de sa brillante idée de me donner un prénom coréen. Tout ça à cause d’un père trop gentil pour lui refuser quoi que ce soit. Et pour finir, tout ça pour enfin trouver du boulot, je me retrouve dans un pays qui m’est totalement inconnu, étalée en pleine rue devant des personnes tout aussi étrange les unes que les autres…J’aurais décidément du postuler chez Mc Do.

Je sors de mes réflexions quand j’aperçois l’objet du crime à mes côtés, cette chose non identifiée qui est venue avec une infinie délicatesse, finir sa route sur mon visage.

- Pff j’aurais du m’en douter marmonnais-je en attrapant la boite de cuir rouge
- Non c’est pour oppa ! cria une jeune fille en se postant devant moi

C’était donc elle la criminelle

- Balancer les chocolats de St Valentin à son copain de cette façon, c’est une nouvelle mode ? lui-demandais-je en me relevant
- Je ne suis pas son copain ! intervient le punk
- Alors raison de plus pour changer de méthode, je ne suis pas sur que ça fasse craquer les hommes tout ça dis je en rendant ses chocolats à la jeune fille et en époussetant mon pantalon
- Mais…Mais comment peux-tu parler comme ça de Big Bang ! S’indigna t'elle tout en grimaçant

Hein ? Big Bang ? C’est pas un désinfectant ça ? Je cherchais dans ma mémoire " Big Bang dites adieu à la saleté"… … Mouais, ça m’étonnerait.
Qu’est-ce que c’est encore que ce truc ? Ignorons ça tout simplement. C’est la meilleure chose à faire.
Je les saluais de la tête, tournais les talons et fis quelques pas quand le petit blond à fourrure me rattrapa.

- Excuse-moi ?! dit-il en me suivant dans la rue adjacente

Je m’arrêtai et lui fis face quand ses quatre acolytes nous rejoignirent sans le troupeau de jeunes femmes.

- Tu saignes annonça t’il en pointant mon front
- Ah ? Je m’en étais pas rendue compte répondis-je en constatant le sang sur mes doigts après avoir touché ma plaie
- C’est que ton ami n’a pas été très tendre, enfin, c’est moi qui lui ai tombé dessus, je ne lui en veux pas continuais-je en un sourire ironique tout en regardant Mister Crête
- Excuse le, il ne voulait pas, tu devrais nettoyer ça dit il en me tendant son mouchoir et en jetant un regard noir à son ami.

Alors le pro fourrure serait le chef ? C’est marrant j’aurais plutôt parié sur le mafieux, ou le punk à la limite.

En baissant les yeux sur la dite chose, je fis un gros blocage. Mes yeux firent plusieurs fois la navette entre son regard et le mouchoir, il est sérieux ? Ce n’est pas une blague ? Je fermis les yeux et me pinçais les lèvres

Sur son mouchoir noir était brodait en fil couleur or, une espèce de lapin à la Playboy.
Un Inuit ok. Un inuit blond ok. Mais un inuit blond vénérant Hugh Hefner …

Retiens toi…Retiens toi de rire bon sang !

- Ahem Ahem merci mais je ne voudrais pas abimer ton…mouchoir, ça ira j’ai des kleenex dis-je sortant un bon vieux mouchoir en papier de son emballage.


PDV Inuit Blond vénérant Hugh Hefner


J’observais cette jeune femme nettoyer sa plaie quand le reste du groupe s’approcha

- Hyung ! Qu’est-ce qu’il t’a pris de la pousser comme ça ? Tu pourrais t’excuser disait Seung Ri à Tae Yang sans lâcher des yeux la jeune femme.
- Tu va bien ? Désolé, Hyung n’a pas voulut te blesser
- Hyung ? Qu’est-ce que ça veut dire ? lui demanda-t-elle intriguée
- Tu n’es pas coréenne ? Intervient Dae Sung à son tour
- Euh…non je suis française.
- Ah ! Ton accent vient de là alors, c’est mignon annonça le maknae tout sourire

- Ok. Il nous fait quoi le Seung Ri là ? J’ai l’impression qu’il va se mettre à chanter me dit T.O.P tout en s’approchant de moi avec Tae Yang qui lui avait le visage rouge
- Pourquoi tu t’excuses pas ? Tu lui as fais une sacrée plaie tu sais, pourquoi tu as réagis comme ça d’ailleurs ? Tu avais peur que les gens puissent se méprendre ? lui demanda T.O.P
- Non…c’est…c’est que, en faite je…euh…quand j’ai ouvert les yeux après notre chute et bien…j’avais les yeux …dans…
- Dans ? Accouche ! M’impatientai-je
- Dans son décolleté chuchota Tae Yang en se grattant l’arrière du crane
- Elle n’a pas de décolleté abruti lui dit T.O.P
- Je t’assure qu’allonger sur moi, elle n’avait pas besoin de décolleté, la position a fait tout le reste
- Et ça t’as perturbé au point de la repousser si violemment ? T’es bête ou trop innocent ?
- Je peux te décrire son sous vêtement
- Ah ? A ce point ? Ok j’ai rien dit, je compatis

Je regardais mes amis, choqué par leur conversation quand mon attention fut détournée par sa voix

- Je suis Shin Hee Rin, c’est mon premier jour à Seoul

C’est vrai que son accent et sa façon de mélanger l’anglais et le coréen était mignon

- Tu as un prénom coréen ! s’écria Seung Ri
- Oui, mes parents sont coréens mais ont été élevés en France, ma mère a toujours gardé un souvenir nostalgique de ce pays

A son tour Seung Ri lui raconta une anecdote personnelle

- On n’a pas l’impression qu’ils viennent de se rencontrer chuchotai-je
- C’est le maknae, il ne changera jamais, niais comme il est il serait capable de lui acheter du porridge et de vouloir la ramener sur son dos annonça Tae Yang en haussant les épaules

Encore une fois, sa voix interrompit mes réflexions

- Paris ? Tous les français ne vivent pas à Paris tu sais, bien que j’y ai vécue, à la base, je suis de Maubeuge, une vraie ch’ti ! annonça t’elle en souriant fièrement.

Je ne sais pas ce que voulais dire « Maubeuge » ni « Ch’ti » mais ça avait l’air important.

- Tu veux venir avec nous boire un café ? Proposa soudainement Dae Sung
- Oui, hyung paye sa tournée, il faut bien qu’il se rattrape en plus renchérit Seung Ri en souriant à Tae Yang
- Hein ? Euh …ok.

Sur la route qui menait au café, Tae Yang s’excusa et sympathisa avec elle, quand enfin je pu lui parler, elle me posa la seule question que j’aurais préférait évitait.

- Vous faites quoi dans la vie ?
- Ah…on…on fait de la musique
- Vraiment ? En même temps, le look est là, et vous faite tous de la musique ?
- Oui on est un groupe, Big Bang intervint T.O.P en se rapprochant

Hee Rin se stoppa, semblait réfléchir avant de pencher la tête vers nous

- Un boys Band ? Je pensais qu’ils s’étaient tous éteints depuis les atrocités des années 90 dit t’elle avant de marmonner quelque chose en français
- Tu aimes quel genre de musique lui demandais-je
- Humm…je dirais, de tout sauf du Boys Band justement répondit-elle avant de rire
- Tu es le seul qui ne m’a pas dit son nom
- On m’appelle G-Dragon

Encore une fois elle se stoppe, elle me reconnait peut être en faite ?
Non, c’est pas ça, elle fait la même tête que quand je lui ai proposé mon mouchoir, on dirait qu’elle souffre

- Ca ne va pas ?
- Hein ? Ah si ça va ! Ton …ton surnom est assez particulier… mais original bien sur !

On entra dans le café, à peine installé la serveuse nous demanda des autographes pour finir par nous offrir des chocolats en ignorant Hee Rin qui n’avait pas l’air d’être vexé

- Vous devez être plutôt connus alors j’ai l’impression
- Désolé pour ça…s’excusa Tae Yang
- Tiens !? Tu veux les miens s’excita Seung Ri en lui mettant la boite sous le nez
- T’es bien gentil mais non merci, j’ai horreur de ça
- Ah oui ? Une rancœur amoureuse alors ? dis-je pour la taquiner

Elle me répondit par regard et un sourire en coin
J’avais bien visé

- Vous ne vous lassez jamais de tout ça ?

Elle veut changer de sujet ? Pas d’accord

- C’est les chocolats ou la St Valentin que tu as en horreur ?
- Les deux.

C’est direct

- Pourquoi ? Et ne sors pas l’excuse de la fête purement commerciale
- Et pourquoi je devrais aimer ? Car je suis une fille, je suis sensée kyatiser sur tout ce qui est rose ou rouge et porte un pompon ? Vive les marins !

Tactique de la défense par l’interrogation ?
Elle ne m’aura pas aussi facilement

- Ton copain t’a larguée le jour de la St Valentin et tu n’arrives pas à surmonter cette blessure ?

J’ai peut être été trop loin là par contre

- Bon il joue à quoi l’Inuit là ? Tu fais dans la psychologie ou tu cherches quelque chose ?
- C’est vrai hyung, qu’est-ce qui t’arrives de parler comme ça la défendit Dae Sung

C’est vrai…pourquoi je réagis comme ça aussi ?

…

.....

........

............

Non mais attends, elle à dit Inuit là ?

Non mais pour qui il se prend le dragon à fourrure là ? Il essaye de m’analyser ma parole !

- Je ne savais pas que la St Valentin était d’une importance si capitale en Corée

La serveuse apporta les cafés puis des gâteaux tout en n’oubliant pas le clin d’œil auquel, seul, Seung Ri répondit par un sourire
J’ai l’impression qu’elle s’est retenue de lui sauter dessus pour ne pas perdre son boulot

Je tente d’imiter les garçons en utilisant les baguettes pour manger mais je n’obtiens pas le même résultat…
Quelle idée aussi de manger avec deux bouts de bâtons ! Pourquoi ils se compliquent la vie à ce point ?

- Tu veux que je te nourrisse ? Me proposa le dragon
- Hyung ! S’indigna Seung Ri en lui faisant les gros yeux

Il veut jouer à ça ? Il me prend pour une bleue ou quoi ?

- Ok, vas-y ! Nourris-moi ! dis-je d’un coup en faisant claquer les baguettes sur la table
- Hein ? Dirent-ils tous d’une même voix
- Bah quoi ? Tu proposes, je dispose non ? lui répondis-je en un grand sourire pour le narguer
- Oublies ça, je vais t’apprendre à te servir des baguettes me dit Dae Sung en me mettant les bouts de bois entre les doigts

Le blondinet ne dit plus rien mais son regard perçant parle pour lui

- Pff mauviette chuchotais-je

Il me regarda du coin de l’œil mais ne dit rien
Une fois terminé, nous étions tous devant le café quand Seung Ri me donna son numéro de téléphone

- Apelle moi si tu as le moindre souci
- Merci, je n’hésiterais pas

Je les saluais tous de la tête quand le méchant Inuit me pris à part, prétextant avoir oublié son portable à ses amis qui partirent avant lui

- Tu as besoin de moi pour aller récupérer ton portable ? Tu crois vraiment que je vais croire ça ?
- Attends-moi là s’il te plait
- Quoi ? Qu’est-ce que tu racontes ?

Il partit en courant dans la direction opposé
Je l’attendis donc pas loin du café, près d’une ruelle, avec un peu de chance il ne me remarquera peut être pas
Il ne manque pas du culot celui-là, je serais déjà parti s’il n’avait pas demandé si poliment, c’était bizarre d’ailleurs, un Inuit ressemblant au chat dans Shrek

Il revient vers moi, une boite de chocolat à la main, s’arrête, écrit quelque chose au dos de la boite avant de me la tendre

- Quoi ?! Tu me fais poireauter un quart d’heure pour m’offrir des chocolats ?!

Il lui manque une case ou quoi ? Remarque je pourrais toujours les offrir à ma colocataire, y'a pas d'petits profits

- Tu n’as vraiment rien de …

Je n’eue pas le temps de finir ma phrase qu’il me plaque contre le mur, retiens mes poignets et m’embrasse fougueusement
Je tente de le repousser jusqu'à ce que je sente le gout du chocolat dans ma bouche…c’est bizarrement doux et chaud
Sans même m’en apercevoir, je réponds à son baiser et nos langues ne font plus qu’une
Notre besoin d’air nous oblige à arrêter, il me regarde, son front collé au mien et me sourit

Il m’a eu le salaud !

Alors que je m’apprêtais à parler, il pose ses deux doigts sur mes lèvres

- C’est pas désagréable de te nourrir, oh, tu en as encore un peu ici dit-il en passant ses doigts sur ma bouche avant de me donner un baiser rapide et de filer dans la grande rue, me laissant ainsi toute seule.

Je reste contre le mur, trop choquée pour pouvoir réagir
Qui as dit que les asiatiques était des prudes ? Il nous a fait quoi là ? Qu’est-ce que c’est que ce délire ?

La boite est toujours dans mes mains, je la retourne, un numéro y est inscrit ainsi qu’un mot

Depuis ce jour, je raffole des chocolats.