Elle brillait d’un feu ardent qui la consumait de l’intérieur. Lèvres pulpeuses, écarlate frêles et intenses. Baisers divins offerts à ses fans de la main. Main qui parfois frôlait la leur. Main féminine et délicate, sur laquelle scintillaient cyan et or, strass et paillettes. Mouvements brusques, fluides, parfois légers, suaves. Au gré des vybes qui ondoyaient de part et d’autres, sa brune chevelure aux extensions, longue, soyeuse aux boucles ordonnées, ondulait et dansait tout en brassant l’air de la sombre salle de l’Elysée Montmartre.

Elle se liquéfiait au gré du son. Chaque geste, précis et suave, délicatesse, parfois même avec allégresse.
Ils la suivait tous au rythme de la musique. Chaque parole qu’elle prononçait semblait un nouveau signe pour changer de gestuelle. Les danseurs l’accompagnaient, aussi rapide et précis qu’elle, ils avaient répété toute la journée, il fallait bien que cela serve à quelque chose.

Makoto se fondait à la masse. Au milieu de cette foule sautillant, ‘jumpant’, il se faisait entraîner à travers la foule. Son ténébreux regard, de ses prunelles d’un noir ébène, se figèrent, illuminaient la prodigieuse chanteuse de la S.M, qui aussi fluide qu’une danseuse aquatique, interprétait « My Name ».

DON’T WANNA FAKE IT !

Une vague de fan l’entraînèrent un peu plus devant la foule. Éloigné des deux autres qui l’accompagnaient, il fut encore et un peu plus avancé contre son gré dans la fosse à chaque fois un peu plus près d’Elle.

I’VE GOT TO MAKE IT !

Il était presque devant elle. Assez pour que son regard croise le sien. « I’ve got a make it » fut presque susurré à son oreille. Son regard de félin l’observait tel une prédatrice à la recherche de sa proie. Un regard subtil et enivrant l’observait et l’illuminait à son tour. Il crut entrevoir un léger sourire se fendre sur ses lèvres d’un rouge vif et pulpeux. Il ne se trompait pas. On aurait cru qu’elle le dévorerait. Elle le pointa du doigt, dont l’ongle doré scintillait plus que l’un des projecteurs.

La foule, immédiatement, posèrent leur regard sur l’heureux chanceux. Statique, ni grand ni petit, ni beau ni moche. Dont la peau à la couleur café au lait scintillait à cause des projecteurs éblouissants. Dont la chemise noire, dont deux boutons ouverts laissait paraître son torse rugueux, manches retroussées, jeans délavé, une paire de converses. Simple. Makoto. Mais pourtant, le regard ténébreux de la chanteuse, semblait se poser sur le jeune homme, qui fut jalousé quelques peu par la gent masculine de la salle. En particulier son ami, qui l’avait accompagné, et qui réussit à se frayer un chemin à travers la foule pour le rejoindre. Les regards s’éloignèrent du jalousé, et se posèrent à nouveau sur la cantatrice, dont la voix se réverbérait aigüe à briser le cristal, qui happait tel le chant d’une sirène. Elle exécuta un bref pas de hip-hop, ondulant son ventre plat, faisant s’entrechoquer les piécettes d’argent qui surmontaient la ceinture de sa tunique noire. Claquant ses escarpins contre les poutres de la scène, secouant son micro tel elle l’aurait fait avec une paire de maracas , tandis que danseurs et danseuses, qui s’étaient stoppés un moment, se mirent à la suivre. Finissant sa performance, elle enchaînât avec une nouvelle piste : Girls on TOP

Boa avait disparut derrière un rideau voilé, tandis que les danseurs enchaînaient à tour de rôle un pas de breakdance improvisé sur l’instru prolongée de Girls on TOP. Makoto avait disparut. Laissant les deux amis qui l’avaient accompagné seuls.

Pendant ce temps là, Makoto traversa un long couloir normalement réservé à la presse ou autres privilégiés. Désignant sa carte de presse, il se faufila derrière les coulisses, où la belle, se préparait intérieurement à surgir du rideau voilé.

Makoto surgit derrière elle. Premièrement effrayée, elle se mit à sourire, et s’approcha dangereusement de lui. Sur la pointe des pieds, lui déposa un baiser sur le coin des lèvres, tout en l’attrapant par le col de sa chemise.

- Souhaite-moi bonne chance, journaliste ! Fit-elle, en lui relevant le menton.

Makoto lui répondit d’un furtif sourire moqueur et lui tapota le crâne : « Je passerais à ton hôtel ce soir ! »

Makoto disparut de nouveau, tandis que BoA s’approchait à pas légers devant le rideau gris, qui s’illuminait de plus en plus. Elle jeta un regard derrière elle : plus de Makoto. Elle sourit instinctivement, et regarda de nouveau devant elle. Le rideau était maintenant éclairé. Elle ne percevait que l’ombre des danseurs, et bientôt les imita, toujours derrière ce rideau voilé. Des gestes instables et rapides. La foule percevait sûrement le bruit de ses talons qui claquèrent le sol des coulisses. Attendant le moment précis de l’instrumental, BoA se tenait prête tout en continuant sa performance derrière le rideau, sous les applaudissements de la foule, et sûrement de Makoto. D’un geste net et rapide, BoA retira le rideau voilé, et fit son apparition devant ses fans, qui hurlèrent tels des groupies hystériques. BoA prononça les premières paroles de Girls on TOP :

- I FEEL YOU WATCHING MY ! EVERY MOVES ! THE PRESSURE COMING DOWN ON ME !

Derrière elle, susurra la voix pré-enregistrée des choeurs : « I’M MUCH MORE THAN, THE GIRL NEXT DOOR YOU SEE !

Elle put reconnaître au loin, son ami, Makoto, qui la regardait et chantait en playback ses paroles. Il les connaissait par coeur. Elle parlait dans cette chanson du regard que les hommes avaient sur elle. Ne voyant rien d’autre qu’une fille superficielle. Dans cette chanson, BoA s’opposait fermement au machisme et au chauvinisme. ‘C’est ce que je suis, je ne veux pas être une autre, contente toi de la vrai moi. Loin d’être une fille superficielle.’ Son refrain.

BoA s’arrêta de chanter après une brève incantation. Un rappeur remplaça sa douce voix. BoA se déchaînait, les danseurs la suivaient. Mouvements hip-hop, BoA monta bientôt sur le dos de l’un des danseurs. Ce qui sembla aussitôt jalousé Makoto, qui continuait tout de même d’applaudir au rythme de la musique et de la foule, continuant de murmurer les paroles. Son ami, à côté de lui, lui sourit avant de lui demander s’il était jaloux. Makoto ne répliqua pas, et continua d’applaudir, avant de faire un bref signe à BoA, qui lui rétorqua par un discret sourire en coin de lèvres et un rapide clignement de l'oeil.

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